Motivational speech: Randonnée dans les Alpes

Publié le par jumellesloupes

(Voix dure.)

 

Okay.

Non, vous ne dormirez pas dans des hôtels...

En fait oui.

Deux fois.

Mais hey! C'est pas un club-med que vous faites!

Euh, peut-être que c'en est un, au fond....

Non! Vous allez vivre à la dure, vous faites pas un club-med, vous faites du sport! Pis le sport, ça implique que vous alliez au delà du simple confort!

 

(Voix de vendeur, doucereuse)

 

Ainsi, nous vous proposerons de dormir dans le lieu suivant:

Petit hôtel, cinq étoiles, bains, douches (les deux, oui-oui!), chambres à un lit pour tout le monde, cuisines personnelles, vue sur la montagne, masseuses,

Coquerelles vendues séparément.

 

(voix normale)

 

Schizophrénie, mon amour...

Je vous ai menti sur toute la ligne, parce que vous ne dormirez ni dans des taudis, ni dans des hôtels. Du moins, pendant le voyage.

Vous verrez de tout en ce qui concerne les gîtes eux-mêmes.

Parfois, il s'agira de gîtes tout ce qu'il y a de plus ordinaire.

Parfois cela sera un gîte d'une qualité exceptionnelle (propreté, confort, nourriture).

Et, à moins que le programme, au niveau des gîtes, ne change, une fois il s'agira d'un gîte assez peu confortable.

Mais quelle nourriture (il faut bien compenser le manque de confort)!

 

La raison de cette variété est simple:

Les meilleurs gîtes seront souvent en récompense pour vos efforts, afin de bien se reposer, récupérer davantage, etc. etc.

Il me semble du moins.

Mais pourquoi alors mettre un gîte qui n'est pas confortable?

Parce qu'on ne peut pas être constamment dans le confort, il faut bien voir différentes choses.

Et le gîte en question, même s'il n'est pas confortable, donne une nouvelle perspective sur la randonnée.

Avec les gîtes confortables, nous avons la perspective moderne, la perspective presque nord-américaine de la randonnée: je marche mais c'est comme si j'étais toujours dans mon salon.

Avec le gîte moins confortable, nous avons une perspective presque historique: comment vivaient les pèlerins? Comment se faisaient les randonnées, au 18e siècle, au 17e siècle, à la Renaissance, au Moyen-Âge?

Moyen-Âge est ici très adapté, parce que c'est à cette époque que je pensais être en entrant dans ce gîte:

Pas d'électricité,

Couvertures, lits et oreillers humides (nous étions dans un épais nuage),

Une fromagerie artisanale,

Des vaches en quantité industrielle,

Étrons inclus.

Pour se réchauffer, il fallait aller faire un feu dans la salle à manger, qui n'avait même pas un plancher droit.

On avait de l'eau courante, par contre! Ça oui!

Comble de malchance, un tuyau s'était percé, occasionnant un fuite d'eau importante dans la même salle à manger.

Et comme le plancher était en pente, le lac s'amoncelait juste sous la porte sans porte par laquelle nous devions passer pour venir à la boustifaille.

Vous me voyez venir, j'ai malencontreusement nagé dans ce maudit lac!

 

Souvent, nous dormions dans des dortoirs, mais cela est ainsi dans les gîtes, il n'y a pas de chambres individuelles et les plus petites chambres que nous avons vues étaient des chambres à deux ou trois personnes.

Si vous êtes incapable de supporter la présence des autres lors de votre sommeil, ce voyage n'est pas fait pour vous, car vous allez y passer deux semaines en présence forcée avec les vingt autres membres de l'équipée, et votre seul moment de possible solitude sera lors de la marche.

C'est déjà bien.

C'est comme si le flux temporel avait été inversé...

Seul le jour, en groupe la nuit... Enfin...

Je vous ai mentionné le mot dortoir?

N'apportez en aucun cas votre tente, à moins de vouloir être un commando d'élite.

Et encore...

Le seul instrument de repos que vous aurez besoin possiblement est un drap d'auberge, «liner» pour les intimes.

Dites «liner»; vous allez dormir si collés si souvent qu'on peut parler ici d'intimité.

Euh

Autrement, tout est fourni:

Chambre, porte de chambre, lits, oreillers, couvertures.

Même le drap d'auberge est un peu accessoire, mais il est pratique parce qu'on ne peut pas toujours prévoir un froid... inattendu...

 

Inutile de vous gâcher le plaisir des surprises, je ne vous dirai pas le nom des gîtes, et je ne vous les décrirai pas plus. Une partie de l'expérience vient de l'inconnu, et si je vous disais tout, vous ne vivriez plus cet important apprentissage que celui de l'acceptation de l'inconnu, de la déception et de l'agréable surprise.

À vous la découverte, explorateurs alpins en devenir.

 

Un dernier petit mot en retard sur les motivations derrière le choix de la variété des gîtes:

Avoir des gîtes de moins belle qualité au niveau du confort, cela permet de

vivre.

Si tous les gîtes étaient des petits nids, vous ne vivriez pas parce que vous seriez pris dans un confort trop semblable à votre demeure actuelle, et c'est cela qu'il faut éviter.

Pour vivre, il faut faire face à des expériences variées,

et parfois, dans ces expériences,

il y a la souffrance du manque de confort.

 

Donc vivez. Vous en avez ici la plus belle occasion, une des seules qui se présentera à vous.

Une des seules vraies expériences de vie.

Hors de chez vous, hors de vos habitudes, hors de vous-même. Vivez. Point final.

Publié dans Pensées

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